vendredi 4 octobre 2019

28 ans et toujours pas d'enfants?

Cela fait plusieurs mois que je cogite à rédiger cet article. J'avais au départ pour objectif de le publier le 16 mai, jour de mon anniversaire, mais j'ai finalement décidé d'en publier un autre, peut-être moins percutant mais qui a tout autant de sens pour moi.

Cette histoire d'enfant, c'est une question que je me pose depuis longtemps. Dans l'absolu, avoir des enfants me plaît. En réalité, j'aime l'idée. L'idée de nouer une relation particulière avec un être que j'aurai contribué à créer, l'avoir porté en moi, connaître cette relation que j'ai finalement très peu connue puisque ma propre maman est décédée lorsque j'avais à peine 5 ans.

Mais au-delà de l'idée, il y a tout un tas de réflexions qui me poussent à ne pas en avoir et qui me poussent à refuser d'en vouloir. Cette discussion, on l'a eue en couple, cette réflexion, je l'ai menée et portée seule mais aussi à deux. Il peut y avoir des femmes qui ne souhaitent pas en avoir car elles ne sont pas attirées par la maternité. Et elles ont le droit de faire ce qu'elles veulent de leur vie et de leur corps. Et il y a aussi des femmes qui font ce choix pour d'autres raisons, qui les dépassent. 

Photo by Alex Pasarelu on Unsplash

A
l'origine de ma réflexion, il y a tout ce que j'observe depuis des années dans ma famille, dans mon entourage proche. A commencer par les conventions sociales et la normalité. J'ai dit pendant longtemps que je ne souhaitais pas me marier. On m'a dit que ça changerait. Même après une formation de 3 ans en cours du soir à l'évêché pour obtenir mon certificat de prof' de religion, je n'ai pas changé d'avis (et pourtant, on m'en a parlé du mariage!). Cela ne veut pas dire que je ne tolère pas l'idée du mariage, juste que je ne me l'approprie pas dans ma vie personnelle. C'est un peu pareil pour les enfants. 

Autour de moi, faire des enfants, c'est la suite logique du "je me mets en couple", "on se marie", "on achète une maison" (ou l'inverse) puis "on fait un bébé" et enfin "on fait un deuxième bébé". C'est ça le schéma classique que j'ai autour de moi depuis mon enfance. Comme si faire des enfants, ça n'avait pas de conséquence, ça allait de soi. Or, quand je prends le temps de me poser, au-delà de mon envie égoïste de créer une relation spéciale avec un petit être qui sera magnifique (parce qu'il tiendrait de moi hehe), il y a toutes les pressions, les obligations qui découlent de la parentalité. Élever un enfant, ce n'est pas rien. Ce n'est pas facile. Et quand je vois le nombre de parents qui négligent l'éducation de leurs enfants ou la relation qu'ils sont censés entretenir avec eux, je suis triste. J'ai l'impression que beaucoup de gens n'ont pas pris le temps ni la peine de se poser vraiment sur leurs choix de vie et ont fait des enfants "parce que c'est ce qu'on a toujours fait". A une époque où on avait à cœur de perpétuer notre espèce, je peux comprendre. Aujourd'hui, faire un bébé dans notre monde occidental est non seulement destructeur pour la planète mais aussi un acte difficile car on impose notre monde (sur le point d'imploser aussi bien socialement qu'écologiquement) à cet enfant qui n'a rien demandé (comme tous les enfants qui sont venus sur Terre jusqu'à aujourd'hui d'ailleurs). 

Je deviens de plus en plus misanthrope avec les années. Je suis déçue, écœurée, révoltée par l'espèce humaine que je perçois comme le parasite le plus nuisible de son environnement. L'Homme s'est ôté de tout écosystème, s'estimant supérieur et apte à les réguler lui-même. Et même quand on lui dit que c'était une mauvaise idée, qu'il faudrait qu'on réintègre l'écosystème, qu'on arrête de faire les cons avec les énergies fossiles, qu'on arrête de produire du plastique partout, tout le temps qu'on ne peut pas recycler, qu'on arrête de jeter tout ce qu'on consomme... il ne voit que ses profits monétaires et ses poches qui se remplissent. Cela concerne en réalité une toute petite partie de gens sur la Terre: 1% de la population mondiale détient 50% des richesses. Mais ce sont ces personnes qui prennent des décisions pour tous les autres. 

A mon échelle, je ne me vois pas faire un bébé car, humainement, je voudrais qu'il grandisse dans un confort certain. Evidemment qu'on veut ce qu'il y a de mieux (en sachant qu'on a tous une définition différente de "ce qu'il y a de mieux") pour lui. Le problème, c'est que ça m'est accessible et que ça a un coût écologique tellement élevé que je ne suis pas prête à le payer. Nous ne payons pas le vrai coût des choses que nous achetons et que nous consommons. Personne ne paie le vrai coût d'un t-shirt H&M cousu par un enfant de 6 ans dont l'eau quotidienne est polluée par les teintures des jeans produits par la même marque de son usine. (Lui non plus n'a pas demandé à venir au monde btw.) Je ne suis pas prête à aggraver l'état de la Planète par toute la consommation indirecte et directe que provoquerait la venue d'un enfant (une hausse de notre consommation d'eau potable, d'électricité, d'achat de linge de maison ou de meubles fabriqués en Asie, les déplacements qui nécessiteraient sans doute l'achat d'une voiture avec sa consommation de carburant, etc.). Au-delà du fait qu'un enfant, ça coûte cher (même si on ne paie pas le vrai coût de son existence dans nos sociétés où on achète tout très facilement pour 3x rien), que ce sont des responsabilités et un engagement à temps plein, c'est une décision qui m'apparaît encore plus égoïste qu'auparavant vu la situation catastrophique dans laquelle on va se trouver dans quelques mois/années.

Non, je n'ai pas envie de faire face à mon enfant plus tard qui me reprochera de l'avoir mis au monde alors que je savais ce que ça allait lui infliger, que j'imaginais bien les difficultés qu'il allait rencontrer. Quand il me reprochera de ne pas avoir fait assez pour limiter les dégâts et que désormais, il n'a peut-être plus accès aux ressources vitales qu'on aura gaspillées des années précédant sa naissance. Je refuse de faire face à ça parce qu'à part lui dire: "Je suis désolée, j'ai fait ce que j'ai pu", il ne pourra que me répondre: "Ce n'était pas assez". 

Et il aurait raison.

4 commentaires:

  1. Bravo pour cet article courageux au vu de la pression sur ce sujet ❤ Ça me fait penser à une réflexion que j'ai vu passé il y a quelques jours sur Instagram, dont le fond grosso-modo était "Est-ce qu'il vaut mieux que les personnes sensibles à l'écologie ne fassent pas d'enfants, ou est-ce qu'il vaut mieux qu'elles se reproduisent pour que les idées écologiques pèsent de plus en plus lourd ?", un truc dans le genre. Je trouve que toutes ces réflexions sont très intéressantes, car elles nous font réfléchir au-delà de nous, de façon plus large, comme tu le fais dans ton article.

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    1. Merci Manon ☺️😘 Oui, c'est aussi une réflexion sur j'entends souvent mais les gens ne semblent pas comprendre que chacun fait ses choix comme il l'entend et que donc, même si je fais des enfants, ils ne seront pas forcément à mon image (à part au début avec l'éducation qu'on reçoit mais après, on a de plus en plus la possibilité de s'en distancer). Du coup, je trouve ce raisonnement plutôt caduque pour ma part ^^'

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  2. Merci pour ce témoignage :)

    C'est une question que l'on s'est également posée avec mon ex-compagnon. Comme pour vous, l'impact écologique a eu un poids dans notre décision de ne pas avoir d'enfants [même s'il n'était clairement pas le seul !]. Maintenant, la question ne se pose plus trop... J'avoue que le fait de ne pas vouloir d'enfant facilite la chute de la rupture [ya moins la pression de l'horloge biologique].

    Je ne sais pas si tu connais déjà mais il y a le Podcast M[ô]mes qui questionne le (non)-désir d'enfant. C'est intéressant d'entendre les témoignages des interlocuteur.ices : cela déculpabilise, nous aide à approfondir nos réflexions et à confirmer (ou non) nos choix.

    Tout à l'heure, j'écoutais également l'épisode consacrée à l'horloge biologique du podcast d'Arte, "Un podcast à soi". Là aussi, cela permet de relativiser des concepts qui sont finalement très modernes et surtout présents pour asservir le corps féminin. Je te le conseille si tu ne l'as pas écouté.

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    1. Arf oui, c'est clairement l'objet de dissensions dans un couple ce genre de sujet... Et combien de personnes je n'ai pas déjà entendu dire avoir craqué sous la pression du/de la partenaire pour "sauver" le couple... 😢

      Je connaissais ces podcasts de nom mais je ne les ai jamais écoutés! Du coup, j'espère qu'on les trouve sur Podcast Addict, je vais aller voir maintenant pour m'y abonner 😃 Merci Mag!

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